Le portable des années 1900, l'e-mail avant la lettre, c'est la carte postale. D'un coût modique, elle est fiable, sûre. Qu'elle représente une rue, un petit métier, une scène pittoresque, un commerce ou un groupe, la vulgarisation de la photographie est à l'origine de cet engouement. Ces millions de vues nous renseignent sur l'habitat, les conditions de vie, l'habillement, le commerce... Elles nous montrent la France au tout début XX° sous ses moindres aspects.

vendredi 20 avril 2012

La candidature présidentielle de l'inventeur poitevin


Garagiste puis restaurateur poitevin au début du XX°siècle, l’inventeur Ulysse de la Caillerie a aussi été… candidat à la présidence de la République en 1953.


Aujourd'hui à Poitiers, son nom ne dit plus rien à personne. Et si l'odyssée de cet original n'a finalement pas dépassé les frontières de sa Gâtine natale, son étonnant parcours mérite pourtant un petit détour, et particulièrement à la veille des élections. Car Ulysse de la Caillerie, alors domicilié à Parthenay, est officiellement candidat aux présidentielles de 1953 remportées par René Coty.

Président de l'association « Les amis d'Ulysse » à Secondigny (Deux-Sèvres), Bernard Pipet est intarissable sur le personnage : « Pour ce suffrage indirect, il n'y avait besoin que de quelques signatures de grands électeurs pour se présenter. Au final, il a eu quelques voix qui se comptaient sur les doigts d'une main, sans doute les mêmes qui avaient signé pour lui ! ».

Quand Ulysse de la Caillerie décide de faire de la politique dans les années 40, il fonde alors le parti dit « des Quatre Piliers ». « Après guerre, il obtient 20 % des suffrages aux municipales de Parthenay avec sa théorie qui s'appuie sur l'agriculture, l'industrie, le commerce et l'artisanat, commente Bernard Pipet, c'était plutôt original mais pas tellement applicable, une sorte de poujadisme avant l'heure ».

Son véhicule amphibie présenté sur le Clain
 
Bernard Pipet ne juge pas les idées de celui qu'il considère avant tout comme un excentrique, mais glisse au passage : « aujourd'hui, parmi les dix candidats on entend bien parler d'aller sur Mars… ».

Arrivé des Deux-Sèvres à Poitiers à la fin du XIX° siècle à l'âge de 7 ou 8 ans avec sa mère, un étonnant parcours va faire de lui un chauffeur de maître dès 1903 après une formation de mécanicien. De la Caillerie monte bientôt un garage florissant rue Carnot face au mess des Officiers (actuel parking de l'hôtel de ville) où il aura jusqu'à 30 employés. « Il est très innovant, crée des berlines et fait fortune. Après la première Guerre, il crée un hôtel-restaurant de premier rang avec sa future épouse Juliette rue de la Cité de la Traverse », raconte Bernard Pipet. Le bâtiment s'appelle toujours hôtel de la Caillerie et était encore il y a deux ans occupé par le Rectorat.

Mais ce qui restera comme la caractéristique principale du personnage pour Bernard Pipet, c'est l'inventeur : « En 1928, il part habiter à Secondigny et travaille alors sur un projet de véhicule amphibie qu'il présentera dès 1932 ». La foule des grands jours sera au rendez-vous de sa démonstration poitevine sur le Clain le 12 février 1933. Un deuxième projet est présenté officiellement à l'armée française (et à un certain colonel de Gaulle) en 1936 au centre militaire des engins blindés de Vincennes. Sans plus de succès que sa future carrière politique.

En s'attaquant en 1999 (au cœur d'une petite équipe de six passionnés) à la construction d'une réplique de la voiture amphibie de 1932, Bernard Pipet a eu à cœur de faire revivre la créativité hors normes de ce poitevin de Gâtine. Exposé encore dernièrement à Paris au salon Rétromobile, l'engin sait régulièrement recueillir tous les suffrages.


Article paru dans la NR le 20 avril 2012

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